mardi 20 mars 2012

Le rêve continue...


Hans HARTUNG
P 1958-151 (1958)
Fusain et pastel gras sur papier
50 x 65 cm

Si vous avez prêté attention à mes billets consacrés au peintre Hans HARTUNG, vous aurez peut-être retenu mon intérêt pour son travail des années 1958 et 1959.

Je rêve depuis longtemps de m'offrir une de ces oeuvres.

Cela aurait pu être P 1958-151, un magnifique dessin qui sera vendu aux enchères dans quelques heures par la SVV ARTCURIAL. Hélas, ce ne sera pas le cas, n'ayant pas réussi à réunir dans les temps le budget nécessaire à son acquisition. C'est frustrant, d'autant plus que je suis en train de négocier ma collection de timbres-poste et que j'aurais eu amplement de quoi m'offrir cette oeuvre si ces satanés bouts de papier avaient été un peu plus "liquides". Grrr...
 
Pourquoi suis-je littéralement aimanté par cette oeuvre depuis que je l'ai vue ? Eh bien je vais vous le dire, comme dirait notre cher Président :-). Cela me permettra par la même occasion de vous donner mon point de vue sur ce qu'est pour moi une oeuvre d'art, sachant bien sûr que ce n'est que MON avis et que je ne suis pas critique d'art.

Tout d'abord parce qu'elle me procure une émotion. Je la trouve belle, très belle. Elle me fascine. Parfaitement équilibrée, cette construction gestuelle en trois parties fusionnant admirablement bien n'est qu'élégance, énergie, rythme et harmonie, de formes et de couleurs. Elle se suffit à elle-même. Pas besoin d'un discours pour la "vendre".

Des HARTUNG, j'en ai vu. Mais comme celui-ci, très rarement. Bref, c'est un vrai chef-d'oeuvre de l'artiste à la fin des années 50. Allez, je retourne le couteau dans la plaie...

Ensuite parce qu'elle est originale, typique. Un seul artiste a oeuvré ainsi. C'est un HARTUNG et pas un "Dubrocq" ;-), identifiable au premier coup d'oeil.

Enfin parce qu'elle est rare. On a beau être un grand artiste, on ne produit pas une oeuvre majeure tous les jours... Le critère de rareté est important pour le collectionneur que je suis. Avoir ce que les autres n'ont pas. Egoïsme ? Peut-être, mais plutôt satisfaction d'avoir déniché la pièce la plus intéressante.

Mon grand regret est de ne retrouver aucun de ces critères - beauté, émotion, originalité, rareté - dans l'art actuel (1). Je suis pourtant ouvert, curieux, je me tiens informé de ce qui se fait dans les galeries. Rien n'y fait, je n'accroche pas. Je trouve cet art trop tiré par les cheveux, trop "intellectualisé" (2), simpliste, souvent agressif, laid ou choquant, sous couvert d'originalité. Un art devenu académique... Quant à son prix, manipulé, il est à lui seul une insulte envers tous les artistes intéressants qui croupissent dans les oubliettes de histoire de l'art. MATISSE disait que pour lui une oeuvre d'art réussie était comme un bon fauteuil, on devait s'y sentir bien. C'est une belle formule. Certains préfèrent les planches à clous. Très peu pour moi ! Alors je me réfugie dans l'art des années 50 ;-), entre autres...

(1) A quelques exceptions près, heureusement, et cela essentiellement au niveau des arts décoratifs.

(2) Pour moi, une oeuvre d'art doit "parler" à l'âme, comme la musique. Si elle doit être expliquée par son auteur, qui plus est à l'aide d'un discours abracadabrantesque, c'est qu'elle manque de force. Elle est ratée.

vendredi 2 mars 2012

"Les sujets de l'abstraction"



Hans HARTUNG (1904-1989)
 T 1973-E 12. Acrylique sur toile (1973)
250 x 154 cm

Petite déception dimanche dernier, au Musée FABRE de Montpellier, lors de ma visite de l'exposition Les sujets de l'abstraction.

En effet et à mon humble avis, trop d'oeuvres méritaient à peine la moyenne.

La critique étant aisée et l'art difficile, je ne m'étendrai pas trop sur les faiblesses de la sélection exposée :

- des SCHNEIDER insipides. Ils le sont presque tous, hélas. L'un d'entre eux, bien terne et manquant de vigueur, a été choisi pour illustrer l'affiche, probablement pour des raisons politiques, l'artiste étant d'origine suisse, comme le propriétaire de toutes les oeuvres exposées, J.-C. GANDUR, qui les destine à un musée... suisse. Dommage ;
- trop de MATHIEU répétitifs (l'exemple même de l'artiste prisonnier de son système) ;
- une belle sélection de SOULAGES mais un peu "bouchés" : il y a mieux ;
- pas de POLIAKOFF ni de de STAËL majeurs.

Bref, si tous les grands noms de la "seconde école de Paris" étaient bien au rendez-vous, les toiles de ces artistes n'étaient pas toutes des chefs-d'oeuvre, loin de là. Des achats plus inspirés auraient permis au surtitre 101 chefs-d'oeuvre de la fondation Gandour pour l'art d'être pleinement mérité. Quel intérêt, par exemple, d'exposer quatre toiles moyennes et stylistiquement proches de MATHIEU ? Idem pour SOULAGES. Une seule aurait suffit...

L'exposition valait quand même le détour, notamment pour les véritables chefs-d'oeuvre que sont (dans l'ordre de mes préférences) :

- "Intérieur avec vue sur le port", du trop méconnu Gustave SINGIER. Cette grande toile (170 x 152 cm) de 1950 est vraiment l'une de ses pièces maîtresses. C'est mon coup de coeur de l'expo ;
- "T 1973-E 12", monumental (reproduit ci-dessus), "T 1950-22" et "T 1946-9" d'Hans HARTUNG, magnifiques ;
- "Paris, la nuit", une petite huile onirique de Viera DA SILVA peinte en 1951 ;
- et enfin "Polders enneigés", très grand (200 x 150 cm) paysage abstrait de 1956 d'Alfred MANESSIER.

Vous avez jusqu'au 18 mars prochain pour cela.

Jean-Claude GANDUR est un vrai collectionneur, éclectique, passionné et... qui a du nez. Cet homme d'affaires avisé a en effet bien choisi son sujet et "ramassé", certes un peu hâtivement (1), les oeuvres alors qu'elles n'étaient plus trop à la mode, la plupart des grosses fortunes étant plutôt attirée par des pièces plus contemporaines, de type "bling bling" (enfin plutôt "toc toc"). C'est ce qui arrive généralement quand on a beaucoup d'argent et une culture artistique réduite...

Un exemple d'achat à bon compte ? T 1973-E 12. Ce chef-d'oeuvre d'HARTUNG s'est vendu 138.000 € chez Christie's en 2005. Je m'en souviens très bien car il m'intéressait alors :-(. Encore mieux : moins de 45.000 € (en 2000) pour le SINGIER !

Des broutilles, comparées au prix de l'art actuel. Quand on pense en effet qu'un simple cliché trash de cette pauvre Cindy SHERMAN vaut dix fois plus qu'un SINGIER exceptionnel, on se dit que les marchands d'art qui soutiennent ce marché de dupes sont vraiment très forts et les collectionneurs (?) qui achètent ces oeuvres des andouilles.

Espérons que l'histoire de l'art remette un jour ces pros de la com à leur place et donne enfin leurs lettres de noblesse à des artistes plus authentiques et injustement oubliés, comme SINGIER, MANESSIER, BISSIERE et tant d'autres, pour ne citer que des abstraits.

Un jour, peut-être... car pour l'instant ce sont le marché et les prescripteurs "intéressés" qui mènent la danse, hélas.

(1) Je sais ce que c'est ;-). Il faut à présent "écrémer"...

jeudi 16 février 2012

Hans HARTUNG à Hong Kong


Une très belle exposition consacrée à l'oeuvre du peintre Hans HARTUNG ouvre ses portes aujourd'hui à Hong Kong.

C'est la première consacrée à l'artiste dans ce pays.

Hans HARTUNG est loin d'être un inconnu en Asie. Déjà exposé à Taiwan (1997), au Japon (1998) et en Chine (2007), il y est d'ailleurs très apprécié.

La de Sarthe Gallery ne présentera que des oeuvres de grandes dimensions et d'une qualité rare. La plupart datent du début des années soixante, période caractérisée par l'intervention gestuelle de l'artiste sur la couche picturale superficielle encore fraîche (et généralement noire) afin de dégager et révéler des signes sous-jacents lumineux, comme sur la toile figurant en tête de ce billet (titre et dimensions hélas inconnus).


Les visiteurs pourront également admirer des peintures plus tardives, comme par exemple T 1973-H 42, reproduite ci-dessus, une grande toile (111 x 180 cm) datant du début de la production du peintre dans son nouvel atelier d'Antibes (1973).

Un catalogue sera publié à l'occasion de l'évènement, qui durera 20 jusqu'au mars prochain.

Personnellement, j'ai un faible pour les toiles de format "à l'italienne" (oeuvres dont la largeur est supérieure à la hauteur). Des panoramiques synonymes de grands espaces, très appréciés par l'artiste à partir de 1960...